La pose de la première pierre du futur Village Landais Alzheimer a eu lieu le 4 juin 2018 à Dax. Le projet-phare du Conseil départemental des Landes entend innover dans l’approche de cette maladie.
Ballons multicolores dans le ciel, plateau-débats avec une kyrielle d’invités et de personnalités et 250 personnes environ pour savourer le tout. A quelques pas à peine du chantier livré aux appétits des tractopelles et des camions de déblaiement. Ce lundi 4 juin marquera sans aucun doute la vie de l’agglomération dacquoise, et bien au-delà, avec la pose symbolique de la première pierre du futur Village Alzheimer, qui devrait ouvrir ses portes à la fin 2019.
Initiée il y a cinq ans par Henri Emmanuelli et portée depuis par le Conseil départemental des Landes, cette structure, s’inspirant d’une initiative existante aux Pays-Bas, se veut un modèle novateur matière d’accompagnement et de soins en direction des personnes atteintes de cette maladie. Tous les participants ont applaudi l’hommage rendu à l’ancien président du Conseil départemental, pour son intuition et son opiniâtreté à mener ce projet qui restera comme l’un des temps forts de la mandature du Conseil départemental.
Xavier Fortinon, Président du Conseil départemental des Landes, lance le chantier du Village Landais Alzheimer le 4 juin 2018
Recréer une vie au quotidien, dans ce Village, c’est aussi faire évoluer les mentalités sur cette maladie. Le Département, dans les domaines éducatifs, sociaux, pour les plus défavorisés, a toujours fait montre de sa volonté d’innover, d’être à l’avant-garde. Ce Village en est aujourd’hui la concrétisation, en apportant une réponse nouvelle, aux besoins de prise en charge de ces patients.
Xavier Fortinon, Président du Conseil départemental des Landes
Innovation et recherche
« Innovation », « recherche » : deux mots martelés tout au long des interventions et tables rondes organisées à cette occasion. « Ce lieu unique est basé sur l’idée d’une place de village, c’est pourquoi nous avons retenu la structure carrée de la bastide landaise, entourée de quatre maisonnées collectives » explique Nathalie Grégoire, l’architecte du projet. Les quatre « quartiers », destinés à accueillir 120 patients, entourés de 120 professionnels et de 120 bénévoles, porteront des noms du territoire : Haute Lande, Côte Atlantique, Chalosse et Bas Armagnac, afin de « maintenir au maximum les résidents dans un environnement familier et favoriser leur autonomie ».
Toujours au même chapitre, Professeur Jean-François Dartigues, neurologue au CHU de Bordeaux, insiste : « il n’y a pas de recherche dans le domaine de cette maladie. Il est donc très courageux d’associer ce Village à une démarche de recherche. Et si cela porte ses fruits, ce Village deviendra un modèle à élargir au-delà de Dax, dans la France entière ».
Côté aidants et familles, l’espoir est également de mise. « Nous attendons beaucoup de ce Village, assure Françoise Diris, présidente de France Alzheimer Landes. Les malades ne sont jamais maltraités, mais trop souvent encore, ils ne sont pas bien traités. Nous aimerions ne plus jamais entendre ça avec ce Village ».
Michel Laforcade, le directeur de l’Agence Régionale de Santé, tient pour sa part à saluer l’engagement et l’ambition de tous les partenaires de ce projet : « C’est d’abord un formidable pari, un prise de risques, dans une démarche de grande humilité et d’innovation ».
L’autre grande originalité, « marque » du futur Village, c’est bien sûr la place accordée au bénévolat. Il joue un rôle essentiel pour l’ouverture au monde extérieur des résidents, au travers d’activités multiples - sportives, culturelles ou de loisirs. « Les bénévoles, pour la plupart issus du milieu associatif, assurent le lien entre l’extérieur et l’intérieur du Village, rappelle avec force Florence Laudouar, chargée de l'Animation et du Bénévolat du Village ; ils animeront le village en complémentarité avec les équipes pluridisciplinaires ». Une expérience à bâtir, au travers de stages de sensibilisation à la maladie, et d’une charte des bénévoles, la première du genre dans les Landes. « C’est une longue aventure qui commence, tout reste à faire, nous avancerons tous ensemble ».
A l’heure où l’on met en cause la dépense publique, créer un tel service public depuis un territoire, plutôt que l’initiative vienne d’en haut, c’est une très bonne chose. Il nous faudra sans doute repenser nos plans de formation en direction des personnels soignants.
Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine
Bienveillance et humanité
Deux autres maîtres-mots ponctuent les propos des intervenants : « bienveillance » et « humanité ». Le projet repose en effet sur ces deux notions, tant sur la forme que sur le fond. Elles en sont même en quelque sorte les fondations. « J’ai tout de suite été touché par l’humanité de ce projet » explique ainsi Michel Mompontet, journaliste à France 2, qui vient de publier un livre sur la fin de vie de sa mère atteinte de la maladie. Nathalie Grégoire, quant à elle, revendique une « architecture bienveillante » entièrement dédiée aux besoins des patients, alors qu’un peu plus tard au fil des débats, Xavier Fortinon, le président du Conseil départemental, insiste sur « la bienveillance de ce projet ».
C’est Françoise Diris qui saura trouver la juste formule pour expliciter au mieux le bien-fondé de ces deux mots : « Ce Village, ce sera leur dernière maison. C’est la vie ».
C’est un grand jour pour Dax et son agglomération. Il faut souligner bien sûr les retombées économiques, en termes d’emplois et de recherche. Cet équipement ne sera pas un village hors-sol, il sera ouvert sur la ville et il deviendra, je l’espère, un pôle de référence.
Elisabeth Bonjean, maire de Dax, présidente du Grand Dax